Usine de La Hague : vers un renforcement du ferraillage des nouveaux bâtiments

Tout comme les centrales nucléaires d’EDF, les autres installations nucléaires doivent pouvoir résister à des niveaux de séisme définis selon leur implantation. Au centre de traitement de combustibles nucléaires usés à La Hague, les experts ont recommandé à l’exploitant des justifications complémentaires. 

Bâtiment de stockage de déchets radioactifs de l'usine de la Hague - © Charly Triballeau AFP

Toutes les installations nucléaires doivent être protégées contre les risques sismiques. C’est le cas des installations du site de La Hague (Manche). Depuis la catastrophe de Fukushima, les éléments dits du « noyau dur » d’une installation doivent être capables de résister à un séisme extrême. L’Institut a examiné le dossier de dimensionnement de nouveaux bâtiments de ce site. Il a préconisé des calculs complémentaires qui ont conduit à un renforcement du ferraillage de leurs fondations.

Deux futurs ouvrages « noyau dur »

Lors de réexamens périodiques de sûreté, les experts ont constaté une corrosion plus importante et plus rapide que prévu des parois de six évaporateurs de solutions de produits de fission. Servant à concentrer des produits issus de la fission nucléaire, ces derniers sont en contact avec des substances très corrosives, notamment de l’acide nitrique et des ions oxydants.
« D’ici à 2022, Orano¹ va construire deux nouveaux bâtiments de plus de 26 mètres de haut pour accueillir six nouveaux évaporateurs plus résistants à la corrosion », indique Serge Michelet, ingénieur en génie civil à l’IRSN. 
Les évaporateurs sont des équipements en acier placés dans des bâtiments en béton armé. Tous les ouvrages devront résister à un séisme extrême dit SFE pour « séisme forfaitaire extrême » –, équivalent de la notion de « séisme noyau dur » pour EDF. L’Institut a analysé les études fournies par l’exploitant, lors de la demande d’autorisation de construction.

Prendre en compte le décollement du radier

L’analyse de l’IRSN a relevé que la méthode de calcul dynamique utilisée par Orano pour dimensionner ces ouvrages de génie civil « ne simulait pas correctement le prévisible décollement du radier² de ces bâtiments sous l’effet d’un séisme de type SFE », explique Serge Michelet.
Sur recommandation de l’Institut, l’industriel a utilisé une méthode de calcul dit temporel, prenant en compte ce décollement. Du fait de ces calculs complémentaires, la quantité de ferraillage des radiers a été augmentée. Une amélioration importante, car le décollement peut avoir un impact sur le dimensionnement d’une fondation et sur la robustesse d’un bâtiment.
Autres éléments ayant particulièrement attiré l’attention des experts, les « platines ». « Il s’agit de plaques métalliques sur lesquelles se fixeront des équipements noyau dur », explique Serge Michelet. Les experts ont préconisé un contrôle strict des soudures, gage de la résistance des platines, en cas de SFE. Ils ont recommandé un état détaillé des structures de génie civil – ouvrages en béton armé, charpentes métalliques, réseau de drainage, joints entre bâtiments… – dès la fin des travaux de gros œuvre, à utiliser comme point de départ pour le plan de surveillance des deux bâtiments tout au long de leur vie.

 

1. Anciennement Areva. 
2. Dalle en béton armé servant de fondation à un bâtiment


Article publié en juillet 2018